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L’immobilier en perspective
Derham
Gérance
Location
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22 Juil 2024
Contraintes légales, évolution du métier, responsabilité sociale et jeune génération : nombreuses sont les missions que doit relever le secteur immobilier. Entretien avec Jean-Jacques Morard, CEO de l’entreprise deRham.
Votre entreprise est active dans l’immobilier depuis 125 ans. Quels sont les défis de demain ?
Cet anniversaire reflète à la fois longévité et expérience, mais nous regardons vers l’avenir. Les défis sont sociaux, avec l’évolution démographique et les besoins qui changent. En même temps, la manière de pratiquer nos métiers connaît une transition fulgurante. La technologie vient faciliter nos méthodes de travail, mais de façon prospère, notamment de gagner en efficacité. La présence de données accessibles à tous sur Internet permet, n’importe qui d’acheter près d’un bien par exemple. Dans ce contexte, nous misons sur des compétences à haute valeur ajoutée.
Introduite en 2016, quels ont été les effets de la loi vaudoise sur la préservation et la promotion du parc locatif (L3PL) depuis son adoption ?
Le cadre réglementaire de nos métiers est très pénalisant. La vocation de la L3PL était louable : elle avait pour but de maintenir un certain nombre de logements accessibles à la population. Mais elle est tellement contraignante qu’elle dessert la cause, par exemple à travers le droit de préemption des communes. Des projets sont ainsi bloqués; il n’est pas possible de construire selon les besoins de la population. Le corollaire, c’est que les prix augmentent.
Quels sont les enjeux autour de ce référendum sur le droit du bail déposé par l’ASLOCA ?
Alors que les milieux immobiliers tentent d’allégerle droit du bail, ce référendum risque fort d’être balayé par les partis de gauche et les organisations de défenses des locataires. Dans un contexte de pénurie de logements à fort impact sur les classes moyennes, ils ont cherché à obtenir des avantages dans un marché saturé. Cela donne un sentiment de sécurité, mais ce n’est pas fondamental.
Comment les critères de responsabilité sociale d’entreprise (RSE) sont-ils intégrés aux activités du quotidien?
En 2023, nous avons initié chez deRham un processus RSE. Il a abouti sur des axes stratégiques concernant aussi bien les RH que l’empreinte carbone ou encore la gestion responsable des immeubles. Il s’agit maintenant de mettre en œuvre ces mesures sur les 4 prochaines années, avant de pouvoir prétendre à une vraie politique en la matière. Une charte RSE sera signée par les membres de direction et les prestataires. Nous ne travaillerons plus qu’avec des corps de métiers «certifiés durables». Le principal est d’engager le processus pour mette en place une chaîne de contraintes vertueuses.
De quelle manière peut-on faire face à la pénurie de logements ?
On estime l’équilibre atteint lorsque 1,5% des appartements sont disponibles. A Lausanne, on est à moins de 0,5% aujourd’hui.Vu les tendances de la société à s’urbaniser, la pénurie risque d’être chronique dans les centres urbains. La réponse consiste à produire de nouveaux logements et à densifier pour ne pas miter le territoire. Mais on se heurte à la politique «not in my back yard» («pas dans mon jardin»): densifier reste très difficile face aux nombreuses oppositions.
Comment intéresser la relève aux métiers de l’immobilier ?
Il faut appeler les jeunes à être partie prenante de cet aspect de demain. Chaque membre de l’association suisse de l’économie immobilière (SVIT Suisse) peut envoyer ses jeunes collaborateurs à des événements de réseautage, visites de chantiers ou workshops. Il s’agit d’orienter la branche vers un modèle plus diversifié et responsable. En tant que vice-président chargé de formation chez SVIT Suisse, je le vis très motivant de les côtoyer. Le métier a énormément changé ces dernières années, et les jeunes ont une véritable carte à jouer.
LAURINE CHIARINI, & de Rham SA. (2024, juin-juillet). CVCI. Magazine demain. https://issuu.com/cvciweb/docs/web-cvci_demain_n3-2024_v8