125 ans au contact du marché immobilier

Derham
Gérance
Valorisation
  • 07 nov 2024

En 1899, lorsque William de Rham premier du nom fondait l’entreprise, il était certainement loin de s’imaginer que sa société occuperait une position de leader sur le marché immobilier suisse cent vingt-cinq ans plus tard. Il faut dire qu’à l’époque, la régie ne gérait pas des immeubles, mais des terrains et exploitations agricoles. «Ces racines terriennes me parlent beaucoup et nous veillons aujourd’hui à ce qu’elles persistent dans l’ADN de l’entreprise», lance Jean-Jacques Morard, qui dirige la régie depuis 2014. «deRham a toujours été une société positionnée à l’opposé de l’image élitiste, voire luxueuse, qui colle à la branche de l’immobilier. Le bon sens paysan, le refus de l’arrogance et la simplicité continuent d’être les valeurs sur lesquelles nous devons avancer.»

Un positionnement qui, aujourd’hui, se confronte à des difficultés multiples, à commencer par l’état actuel du marché, tendu à l’extrême par une pénurie de logements qui atteint un niveau historique. Dans ce contexte, difficile d’arbitrer la dynamique qui lie les deux parties prenantes les plus significatives dans l’activité de la régie, à savoir les propriétaires et les locataires. «C’est une relation historiquement complexe, soumise à des pressions grandissantes et à des préoccupations et priorités évidemment très différentes. On aurait d’ailleurs tort de penser que la situation actuelle, marquée également par des augmentations de loyer importantes, profite aux acteurs immobiliers tels que nous.»

Le bon sens paysan, le refus de l’arrogance et la simplicité continuent d’être nos valeurs

Consciente des difficultés auxquelles peuvent être confrontés les locataires, deRham doit d’abord répondre aux mandats et aux besoins de ses clients, qu’il s’agisse de propriétaires privés ou institutionnels, eux-mêmes soumis à des contraintes économiques parfois difficiles, par exemple lorsque les taux hypothécaires prennent l’ascenseur. Malgré tout, la régie a fait de la proximité avec les locataires un engagement fort. Une promesse tenue notamment par l’intermédiaire des plateformes et outils numériques qu’elle a mis en place.

 

Course technologique

«Durant ces dernières années, nous avons considérablement investi dans ces développements afin de gagner du temps et de proposer un service réactif de qualité à nos locataires. Il faut savoir que les acteurs immobiliers figurent parmi les derniers à avoir digitalisé leur activité. En occupant une place privilégiée dans un marché performant, peu de régisseurs ont été motivés à changer leurs pratiques, ou à les faire évoluer. Aujourd’hui, c’est une nécessité, ne serait-ce que pour conserver les mandats de clients qui, eux, se sont modernisés rapidement et massivement.»

Concrètement, la mue numérique de ses services a permis à deRham de réduire le temps d’intervention au sein des logements de trois mois à trois semaines. En ligne, le locataire peut ainsi émettre une demande dans le cas d’une défectuosité pour être mis directement en relation avec l’entreprise à solliciter. Cette dernière reçoit les bons de commande et les rendez-vous grâce au même système. «Un gain de temps énorme qui, en déchargeant du personnel de plus en plus occupé, doit permettre de remettre les collaborateurs et les clients au centre pour se concentrer sur l’aspect humain. Je vois ces développements technologiques comme essentiels, en veillant toujours à garder une attache très forte à nos valeurs.»

 

L’ancêtre de Homegate

Le positionnement actuel de l’entreprise dans le secteur des proptechs fait par ailleurs écho à la direction donnée Yvan de Rham, qui reprenait la direction du groupe en 1982. Précurseur, il est le premier à avoir pu intégrer internet dans la gestion quotidienne de l’entreprise et a veillé à faire évoluer le métier du courtage en développant un réseau dédié. A l’époque, avec Edipresse, il donne même naissance à une plateforme avant-gardiste, qui deviendra le portail immobilier Homegate quelques années plus tard. Autre tournant décisif dû à Yvan de Rham, la vente du fonds de placement immobilier Solvalor 61, l’un des premiers en Suisse, créé par William de Rham deuxième du nom en 1961, alors qu’il faisait passer la régie d’une entreprise de gestion agricole à l’un des groupes immobiliers les plus importants du pays. Un élan entrepreneurial, notamment porté par le dynamisme des Trente Glorieuses, qui avait fait grandir l’entreprise dans des segments difficilement conciliables sur le long terme.

«La gestion de biens gérés par la même entité inquiétait la Finma et le groupe devenait trop grand pour continuer à être géré de la bonne manière. D’où la décision d’Yvan de vendre le fonds pour réduire la voilure et redonner des perspectives porteuses à la régie en nous concentrant sur la gestion d’immeubles. C’est à ce moment que j’ai repris la direction générale de l’entreprise.»

 

Entre disruption et tradition

Aujourd’hui, la digitalisation du secteur engendre par ailleurs une compétition stimulante, pour ne pas dire agressive, sous l’impulsion des nouveaux acteurs disruptifs. En misant essentiellement sur la simplification des processus et le gain de temps qui en résulte, les nouvelles agences n’hésitent pas à casser les prix dans le domaine du courtage.

«Un segment dans lequel nous privilégions une approche basée sur le conseil sur mesure plutôt que le volume transactionnel. L’achat d’un bien représente souvent les efforts de toute une vie et nous nous devons d’encadrer ce processus avec un professionnalisme de haut vol. Je vois ces nouveaux arrivants comme une stimulation qui dynamise le secteur et favorise la compétition. Ce qui est une bonne chose. Je constate en même temps qu’il leur manque peut-être une connaissance approfondie du secteur et que leurs tarifs ne sont pas tenables sur le long terme. De notre côté, avec des courtiers tous titulaires d’un brevet fédéral, nous avons les connaissances du métier, mais devrons peut-être revoir notre commission légèrement à la baisse. Ce qui fait qu’au final tout le monde se rejoint.»

En matière de courtage, je vois ces nouveaux arrivants comme une stimulation qui dynamise le secteur et favorise la compétition

 

La relève

Directeur général du groupe depuis dix ans, Jean-Jacques Morard continue de s’étonner du dynamisme qui agite toujours son secteur d’activité. Une intensité qui le motive, à 60 ans, à travailler encore de nombreuses années. En même temps, son rôle de directeur consiste aussi à former la relève. Avant son décès prématuré en raison d’une maladie, Yvan de Rham lui avait ainsi confié ce rôle de mentor envers ses trois enfants.

 «Solidement formés et respectueux des valeurs qui guident le groupe, ils ont pour l’instant développé, en complément à la gestion du patrimoine familial, une activité de conseil en rénovations énergétiques par l’intermédiaire de la société Arkey, qu’ils ont créée. Pour le groupe, c’est aussi un vecteur d’affaires intéressant qui démontre la nécessité et la possibilité d’allier durabilité et rentabilité dans le secteur de l’immobilier.»

Un élan qui incarne la créativité et la vigueur de la jeune génération, que le directeur salue et encourage. Avec une moyenne d’âge de ses collaborateurs d’environ 30 ans, deRham compte des profils novateurs, témoignant de l’agilité recherchée au sein de l’entreprise.

«L’exploitation des données ou encore l’innovation digitale représentent autant de disciplines autrefois inconnues au sein du domaine immobilier, pourtant devenues essentielles aujourd’hui. Il faut avancer avec son temps et deRham a toujours su se positionner en tant qu’acteur conscient des évolutions à observer et à suivre. A nous de continuer à le faire.»


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